Financement de l’adaptation au changement climatique dans les bassins transfrontaliers

4 Financement de l'adaptation au changement climatique dans les bassins transfrontaliers comprendre et prendre en compte les aspects trans- frontaliers si elles veulent être efficaces, durables et éviter les erreurs d’adaptation. En absence de rési- lience accrue, les effets du climat vont probablement affecter la sécurité alimentaire, inverser les progrès en matière d’atténuation de la pauvreté et ralentir la croissance économique aux niveaux national et régional. Si les effets négatifs du changement climatique sur un bassin versant ne sont pas traités de manière coordon- née, le développement socioéconomique peut être menacé et ils peuvent engendrer une nouvelle concur- rence, ou intensifier la concurrence existante, ainsi que des conflits au sujet des ressources en eau entre les États riverains. Par exemple, la gestion de l’irrigation en amont peut avoir un effet sur la disponibilité de l’eau pour l’agriculture en aval, la gestion des écosystèmes dans une zone peut entraîner des migrations d’espèces ayant des effets économiques significatifs, ou le manque de préparation aux inondations dans une zone peut faire fuir les investisseurs et contrarier la planification dans une zone voisine. En outre, ces mesures peuvent entraîner des erreurs d’adaptation aggravant les difficultés et les dégâts subis dans les pays du bassin. Le renforcement d’une résilience intégrée sur l’ensemble d’un bassin favorise l’efficacité de l’utilisation des res- sources, tout en évitant les conséquences négatives potentielles de mesures isolées, qui sont réalisées sans une large consultation ou qui ne prennent pas en compte la nature d’interdépendance d’un bassin. Les approches transfrontalières sont fondées sur un tableau géogra- phique complet des effets et fournissent une portée géographique plus étendue en termes de contribution aux solutions. Par exemple, dans les bassins où les tempêtes en amont provoquent des inondations en aval, la surveillance et la gestion d’une augmentation de la charge d’eau en amont peuvent aider à réduire et même à prévenir les dégâts dans les zones en aval. Dans les bassins où la sécheresse touchant une grand partie du fleuve peut affecter la navigabilité et, au en définitive, interrompre l’approvisionnement en mar- chandises (nourriture ou carburant, par exemple) des communautés situées en amont dans un pays diffé- rent, des mesures visant à garantir la navigabilité ou à proposer des itinéraires de remplacement peuvent être essentielles à la stabilité économique de nombreux pays. Les mesures visant à protéger le bassin en amont non seulement limitent les effets en aval mais peuvent égale- ment avoir des conséquences positives enmatière de res- sources et de coûts pour les interventions en aval et inversement. Les projets visant à protéger ou à récupé- rer le couvert forestier en amont peuvent servir à for- mer un réservoir naturel d’eau pour tout le bassin. Ces projets peuvent ainsi prévenir un écoulement rapide et une perte de la couche arable, ainsi que des investisse- ments plus coûteux en infrastructures de protection contre les inondations. La coordination entre les pays partageant des bassins versants transfrontaliers (par exemple par le biais de paiements de services liés aux écosystèmes) peut entraîner d’importantes économies de coûts et une optimisation des avantages en profi- tant des effets positifs transfrontaliers et de la mise en commun des ressources (Blumstein, 2016). Vu les avantages supplémentaires que présentent les approches transfrontalières, la rentabilité des investis- sements dans des projets transfrontaliers peut être supérieure à celle des projets ne concernant qu’un seul pays. En agissant à l’échelle d’un bassin, les pays peuvent collectivement affecter les ressources écono- misées grâce aux investissements à plus grande échelle à l’adaptation préventive et à l’amélioration de la résilience. L’amélioration de la résilience au niveau transfrontalier est une protection contre les risques financiers car cela permet de répartir les risques dans un contexte finan- cier plus vaste et peut être géré par plusieurs acteurs. Les défaillances du marché ou la faiblesse financière d’un pays sont susceptibles d’être couvertes par les marchés voisins ou par le biais de partenariats internationaux.

RkJQdWJsaXNoZXIy NTYxMTg3